martes, 3 de febrero de 2009

Un roman policier tout près de Barcelone


Le lendemain, nous nous sommes mises en route avec Maria et nous avons vu en haut du chemin une personne qui portait une cagoule. Nous nous sommes approchées avec un peu d´appréhension, qui se transforma petit à petit en sensation d´insécurité et de nervosité lorsque nous avons constaté l´identité de l ´individu et les conséquences que pourraient avoir notre présence en ce lieu. Il y avait une jument morte là où étaient enfermés les chevaux. Ainsi ce qui n´était qu´une rumeur était bien une réalité. C´était

Bien ce qui inquiétait les gens du voisinage, parce que le corps était là depuis plusieurs jours et ils avaient peur d´une infection higienico-sanitaire.


Maria essaie de voir ce qu´il y a par terre à côté de l´âne

Pour pouvoir voir ce qu´il y avait dans le bâtiment, qui était en fait une maison avec un sol en terre, la personne qui avait porté plainte nous apporta de chez elle (à environ 500m) une échelle. Nous sommes passées derrière la maison du voisin pour arriver à l´arrière de la maison en question qui était entourée d´arbres et donnait sur un petit ravin. Il posa l´échelle contre un arbre en forme de fourche et allez hop nous avons grimpé…

Je ne peux pas nier que nous n´en menions pas large toutes les deux, je dirai même plus que nous avions la trouille. En effet nous avions saisi un certain nombre de chevaux l´année précédente à ce même individu et peut-être qu´il s´agissait d´un acte de vengeance…mes nombreuse lectures de romans policiers me faisaient penser qu´à tout moment des gens allaient apparaître et nous pousser dans le ravin « et que nous serions portées disparues à tout jamais !


Mais non ! rien ne se passa, je suis arrivée à passer par la fenêtre, sauter à l´intérieur et j´ai commencé à déambuler dans les différentes pièces humides, obscures, pleines de vieux trucs. J´ai pris les photos qui serviraient à porter plainte pour que la saisie soit rapide.

Dans l´une des pièces nous avons trouvé des chevaux, des ânes et des poneys attachés aux murs, maigres, sales. Il est difficile d´essayer de décrire la quantité d´immondices qui recouvrait le sol. Quelques baignoires étaient désespérément vides. On ne voyait d´eau nulle part.


Dans une autre pièce plus grande et presque sans lumière, on trouva des poulains et des juments en bon état, ils ne devaient pas être là depuis longtemps.


Dans la troisième pièce, il y avait une jument morte (depuis une semaine) mais le pire ce ne fut pas de découvrir le cadavre de ce pauvre animal en processus de décomposition, mais plutôt de voir que dans la même pièce il y avait une ponette. Fort boiteuse, elle semblait avoir mis bas depuis peu et ses sabots arrières étaient infectés, Elle était condamnée a mourir de faim et de soif. Pourquoi s´embêter à la soigner ? devait avoir pensé cet individu…

Le pauvre petit bébé poney, effrayé sans la présence et le lait de sa mère, avait été mis avec les autres poulains.

Evidemment nos autorités n´allaient pas croire que les photos avaient été prises de la fenêtre, mais cela n´avait pas d´importance à côté de la ponette qui était destinée à mourir de faim et des autres animaux enfermés et attachés aux murs sans sortir et voir la lumière du jour depuis 8 ou 9 mois.

A la fin de ma visite, je ressortis par la fenêtre et nous sommes reparties, heureusement sans le problème qu´aurait supposer la rencontre de « notre individu » qui n´aurait certainement pas apprécié notre présence sur ces lieux et qui aurait peut-être réagi avec violence. Nous pouvons dire que les démarches pour la saisie furent très rapides. La police ne crut pas une seconde à l´histoire « des photos prises depuis la fenêtre » mais trois jours plus tard l´ordre de saisie était dicté et avec l´ aide de la mairie, de la police régionale et locale, nous avons commencé le sauvetage.


Le jour du sauvetage, une chaîne de télévision publique vint filmer tout le processus. Nous avons sauvé 11 équidés, qui se composaient de poulains, de jeunes chevaux, de ponettes et d´une mule de 2 mois.

Ils sortirent tous comme des fous en voyant le soleil, car ils avaient passé très longtemps dans l´obscurité. Les pièces avaient des ouvertures de 10x10 qui permettaient à l´air d´entrer mais laissaient les chevaux dans la pénombre la plus complète.

Le camion de notre ami Pere les attendait pour les emmener en lieu sûr.


Au Refuge :


Nous avons vécu un grand moment de panique lorsque tous les chevaux sont descendus au galoppar le chemin qui mène à la petite rivière. Puis, logiquement au lieu de rentrer dans l´eau glacée – il avait neigé la nuit précédente- il firent demi-tour à gauche et filèrent vers l´abri de la paille, où ils commencèrent à manger…enfin !… tranquillement.

La suite de l´histoire fut simple pour la plupart d´entre eux. Ils furent adoptés, avec plus ou moins de chance selon les familles adoptives (la mule et son petit changèrent trois fois avant de trouver leur maison définitive).


Quelques mois plus tard, mère et fille totalement remises.


Fada, une des juments en train de manger de l´herbe tranquillement

Ceux qui durent passer par des moments difficiles furent la ponette et sa petite. La mère dût supporter trois sessions de parage de sabots très compliquées mais très pensées ( le vétérinaire et le maréchal-ferrant ont fait un travail d´équipe) afin de lui sauver la vie car ses sabots étaient complètement dévorés par l´infection qui menaçait de monter dans les canons.

Quant à la petite qui n´avait pas pu recevoir le lait de la mère, son rétablissement fut très laborieux.

Mais enfin les deux eurent la vie sauve et furent adoptées. Elles jouissent de la vie dans un foyer avec trois enfants, dont elles font le bonheur…


Lucero en liberté